TÉMOIGNAGE D'UN BRIGADIER DE POLICE 

10/02/2021

(Photo d'illustration)

Il me tardait d'avoir le témoignage d'un fonctionnaire de Police. Jacques *, Brigadier dans une grande ville a bien accepté de répondre par écrit à mes questions. Son témoignage reflète à mon sens la triste réalité d'un métier et d'une mission ô combien nécessaires pour notre population.

Badred'hine Bouacha : En quelques mots, pouvez-vous nous retracer votre parcours de policier ?

Jacques : J'ai été affecté à ma sortie de l'École de Police, dans une grande métropole, où j'ai d'abord exercé en police générale. Puis rapidement j'ai intégré une section anticriminalité pendant plus de 15 ans.

Badred'hine Bouacha : Quelles sont vos missions ?

Jacques : D'abord protéger et servir, mais plus précisément aussi, la constatation des infractions la recherche et l'identification des auteurs et leur interpellation.

Badred'hine Bouacha : Comment, d'après vous, a évolué l'image de la Police Nationale aux yeux des français ?

Jacques : L'image de la police s'est gravement dégradée depuis quelques années. La police est maintenant, une variable d'ajustement. De plus, la présomption de culpabilité prévaut sur celle de l'innocence quant aux policiers. Ceux-ci n'ont jamais été autant sollicités depuis ces dernières années : terrorisme, gilets jaunes, mouvements sociaux, émeutes, crise sanitaire etc... Ils le demeurent encore plus maintenant, les remparts de la République et de la démocratie.

Badred'hine Bouacha : De ce fait, votre quotidien professionnel a-t-il changé ?

Jacques : Les citoyens ne réclament plus que des droits, et en oublient leurs devoirs et obligations. Nous avons l'impression de n'exister qu'à des fins statistiques et de ne plus être soutenus ni protégés.

Badred'hine Bouacha : En tant que professionnel de terrain, quelles idées simples à mettre en œuvre pourraient améliorer votre rapport avec la population ?

Jacques : Il faut d'abord noter que l'impunité générale, l'absence de réponse pénale adaptée, génèrent la délinquance. Seule la certitude de la peine permettrait d'éviter la hausse de la délinquance et/ou la récidive. Certes la prison n'est pas la réponse idéale à tous les problèmes, mais elle permet au moins de protéger la société. Toutefois la prison sans la réinsertion, quand celle-ci est envisageable, n'a aucun sens. Et aussi, le fait de de passer à un système de droit oral, plutôt que le droit écrit qui prévaut en France, aurait pour effet de remettre davantage de policiers sur le terrain, au lieu qu'ils passent leur temps à rédiger des procédures interminables et chronophages.

Badred'hine Bouacha : Comment envisagez-vous votre avenir professionnel ?

Jacques : Je ne suis pas très optimiste quant à l'avenir des métiers de la sécurité. La société est de plus en plus violente, et, par ailleurs de plus en plus laxiste. L'ensemble des citoyens de ce pays et surtout les forces de l'ordre ont un réel sentiment d'injustice et d'insécurité. Ce qui est d'abord, rappelons-le un droit fondamental et constitutionnel.

Les réponses courtes et précises de ce Brigadier font le constat malheureux d'une Police qui se heurte à une frange de la population de plus en plus violente. Je pense qu'un manque de moyens humains et techniques rend la situation encore plus tendue auxquels il faut ajouter hyper inflation d'heures passer en procédures. 

Je rencontrerai plus tard un Commissaire et un Jeune gardien de la Paix afin de récolter de nouveaux points de vue.

Merci à ce Brigadier d'avoir accepté de livrer ses impressions, je ferai en sorte que celles-ci soient lues par le plus grand nombre d'entre nous. Protéger et servir, deux missions qui forcent le respect et méritent toute notre attention.

* Prénom d'emprunt