PÔLE EMPLOI, bienveillance à flux tendu
Au moment même où je m'apprêtais à rencontrer l'une de ses conseillères, Pôle Emploi a été frappé d'un terrible drame. Je veux donc tout d'abord exprimer mes sincères condoléances aux familles et aux proches touchés par la folie humaine.
Parler de Pôle Emploi est complexe quand on veut rester neutre. D'un côté, les demandeurs d'emplois, dont un grand nombre en grande difficulté sociale et économique, et de l'autre, des conseillers qui assurent chaque jour leurs délicates missions.
Valérie*, conseillère en Isère, à répondu à mes questions. Je la remercie d'avoir pris le temps de cet échange.
Valérie : Je suis passée par plusieurs postes, ce qui me permet d'avoir une vue globale sur mon travail. Et, dans le rush de chaque journée, je reste profondément motivée par mes missions même si un chiffre, un seul, peut faire réagir : 600... 600 dossiers en portefeuille !
En effet, comme bon nombre de mes collègues, je traite ce grand nombre de dossiers, sans compter les activités collectives comme l'accueil, la plateforme téléphonique et les dossiers transverses. Et derrière ces dossiers, j'ai évidemment conscience que des personnes, des familles entières attendent de nous un suivi, des conseils. Mais, comment être au plus proche de la population, comment mener un bel accompagnement individualisé et personnalisé quand on doit s'occuper d'autant de personnes ? Personne ne peut le faire et pourtant, nous donnons tout ce que nous avons.
Les besoins et capacités, mobilités de nos concitoyens sont différents, certains peuvent évoluer dans l'univers de l'agence sans devoir être accompagnés, d'autres, au contraire, ont besoin d'être guidés, accompagnés dans chaque démarche. C'est ce qui rend ce métier intéressant.
Mais, le trop grand nombre de personnes à suivre nuit forcément à la qualité de notre mission.
Mais, comment être au plus proche de la population, comment mener un bel accompagnement individualisé et personnalisé quand on doit s'occuper d'autant de personnes ?
Un autre point a évolué défavorablement. Avant, on suivait les demandeurs d'emploi tout en conservant des liens étroits avec des chefs d'entreprises, ainsi, on était raccords avec leurs demandes. Maintenant, les entreprises sont suivies par un autre service composé de conseillers au service entreprises qui ne suivent pas de demandeurs d'emploi.Ils sont compétents, mais il nous manque un liant.
Vous savez, j'aime mon métier, même s'il peut parfois être éprouvant. J'aime ce métier car il me permet d'être bienveillante. Et croyez-moi, il y a beaucoup de bienveillance dans nos agences.
Badred'hine Bouacha : Embaucher plus de personnel serait donc une première étape pour améliorer votre mission ?
Valérie : Oui, ensuite, avec l'arrivée de nouvelles recrues on pourrait évidemment offrir un service et une écoute encore plus qualitative. Et tous les conseillers pourraient garder la double expertise pour placer nos demandeurs d emploi dans nos entreprises.
Je ne peux qu'être d'accord, d'autant plus que la crise économique n'a fait que débuter et qu'il risque d'avoir de nombreux nouveaux demandeurs d'emploi en 2021 et 2022.
Je pense que l'on pourrait même mettre
en place des Bus Pôle Emploi, et faire en sorte que ces bureaux itinérants couvrent
l'intégralité des zones rurales et garde le lien avec toute la population.
* Prénom d'emprunt